Aller au contenu

LES SABLIERS DU TEMPS – Virginie Langlois

ART SUD – Numéro 56
1er Trimestre 2007

Irak 2003. Premier jour de réddition. Magda, infirmière de mère française et de père irakien, revient sur la terre de ses ancêtres où, en dehors de toute association d’aide humanitaire, elle recueille des orphelins. Elle instaure peu à peu un semblant de normalité dans l’enclave paisible que forme sa petite communauté à la frontière d’un pays en souffrance. En parallèle à une réalité cruelle (le drame parfois de devoir enterrer un de ses protégés, la maladie, la guerre…), la vie s’écoule routinière et grave, en une rassurante autarcie : petite plantation pour la nourriture, puits pour l’eau, quelques médicaments, rituels rassurants de tendresse à des enfants qui réapprennent l’amour maternelle. Puis arrive Yel, venu l’aider et qui, au travers de ses récits, va attirer Magda, en une lente et subtile initiation, à un retour accepté vers la simplicité et l’humilité, sans laquelle il serait vain de vouloir affronter le désert. Yel, mystérieux et pourtant si rassurant, qui soigne un enfant avec un peu de farine, fait jaillir une source du sable. Yel, qu’elle idéalise au point de croire au miracle là où il n’y a que sagesse et logique. Virginie Langlois, avec grâce et poésie, nous dévoile le journal lent et captivant de son héroïne, une jeune femme en quête d’absolue, absolu don de soit, absolue soif de paix et de partage, quête identitaire et réappropriation d’un pays qu’elle n’a connu que par les récits de son père. Une histoire en forme de lent pèlerinage, au travers d’une actualité encore brûlante, vers l’inéluctable apaisement d’une âme. Un livre qui libère son chant dans un temps différent du notre, où la force de l’esprit rend obsolète la technologie qui ailleurs (comprenez en occident) annihile toute volonté d’imagination. Légèrement moralisant mais tellement bien écrit…

Jean-Claude Di Ruocco

142 pages – Actes Sud – 16 euros

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *