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Salvatore

  • par

Extrait de VOYAGEURS IMMOBILES

En vain, je t’écris d’outre amitié
où le soleil ne se lève plus,
au matin gris, empoussiéré,
des combats que nous avons perdus.

Tu es comme une silhouette qui s’efface,
sur un quai, dans un roman de Simenon ;
un héros qui s’éloigne avec grâce
au chant sombre d’un autre horizon.

Tu m’as appris qu’au-delà de ce monde,
bien d’autres existaient,
de peur, d’abus de pouvoir immondes,
de causes désespérées…

Les seules, d’après toi, qui vaillent,
la peine de verser en leurs noms,
aux champs froids des batailles,
tout le sang que nous avions.

Mais tu vois, je suis seul ici,
mon chien dort au jardin de janvier.
Il était mon dernier ami,
son regard est mort alors que je l’aimais…

Je vis… j’entretiens ma chère solitude…
Elle est presque parfaite.
À oublier jusqu’à mes servitudes
j’ai failli me prendre pour un poète.

En vain, je t’écris d’outre amitié
où je n’attends pas de retour,
à ce poème désenchanté
comme un départ au petit jour.

Je pensais à toi tout simplement
et cela me faisait sourire,
je chéris notre fraternité d’antan,
mais ça… À quoi bon te le dire.

A Salvatore Lombardo, en souvenir des heures qui se sont tues

Jean-Claude Di Ruocco
Couverture Eliane Di Ruocco (collection privée) 

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