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SAMBA TRISTE – Jean-Paul Delfino

ART SUD – Numéro 59
4eme Trimestre 2007

En 1972, Lucina est enfin autorisée par les autorités à retourner au Brésil, qu’elle a quitté des années plus tôt pour s’exiler à Marseille, où entre-temps, elle a mis un enfant au monde. Malgré un passé de dissidente (elle fut arrêtée et torturée par la police militaire) elle parvient a se réinstaller dans sa vie d’autrefois. Elle est même tentée de renouer de vieux contacts afin de reprendre la lutte contre les militaires au pouvoir que dirige d’une main de fer le Général Garrastazu Médici dont la profession de foi se résume officiellement à : « Le Brésil on l’aime ou on le quitte » et officieusement « Mort aux pauvres et aux communistes ». Lucina ignore que son retour est dû à l’intervention de son ancien petit ami toujours amoureux d’elle, qui dirige la police et les renseignements.
La jeune femme jette un regard neuf sur son pays et les bouleversements que la dictature lui a fait subir lui sautent au visage. Les heures de bonheur et d’insouciance sembles bien mortes et ensevelies sous la terre noire de la misère et de la violence qui frappent les plus démunis entassés dans des bidonvilles.
Jean-Paul Delfino, au travers d’une intrigue aussi simple que touchante, transporte son héroïne au-delà de la révolte armée, vers un véritable sacerdoce. Elle va venir en aide à ces populations en souffrance et plus particulièrement au « Pivetes », ces gamins des rues affamés du soir au matin, pourchassés par les escadrons de la mort. L’auteur nous plonge dans les années les plus obscures de cette dictature soutenue par la CIA.
C’est le chant d’un pays en souffrance, une samba triste qui coule en larmes de sang et vient peu à peu caresser les blessures à jamais ouvertes d’un peuple sacrifié… la traversée d’un enfer au bout duquel un espoir attend de refleurir même si les morts resteront morts et les pauvres seront toujours pauvres… Indispensable. 

Jean-Claude Di Ruocco

290 pages – Métailié – 18,50 euros

 

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