Aller au contenu

LA VIE BIOLOGIQUE DE JACOB SMITH – Frédéric Aydar

ART SUD – Numéro 58
3eme Trimestre 2007

Jacob Smith est élevé dans un orphelinat Catholique. Dès son plus jeune âge, il a des visions, guérie les malades et, à l’occasion, provoque des orgasmes, juste en posant sa main sur le plexus solaire de sa nounou. Son don attire des milliers de malades qu’il guérit sous l’œil bienveillant de l’Eglise qui essaie de récupérer le phénomène afin de redorer son blason. A 21 ans, lassé d’être exploité par les prélats, il fuit et se retrouve sur la route où il rencontre Maria et rejoint une bande marginaux avec qui il mène une vie de “patachon” et se découvre un nouveau pouvoir, la télépathie. Grisé par ses capacités extraordinaires, des projets plein la tête, il n’a plus qu’un désir faire de l’argent. Bien vite il va tomber de son pied d’estale. Et s’il n’était, au fond, que instrument d’une force dont le message, destiné à l’humanité, était bien plus important que tous ses pouvoirs ? C’est ici que ce livre, qui jusqu’alors se lisait non sans plaisir mais d’un œil amusé, prend son envol. Frédéric Haydar développe soudain une théorie, qui vaut bien toutes celles élaborées jusqu’ici, et apporte sa réponse à LA question : qui se passe-t-il après notre mort ? “La conscience survit à la mort biologique” tel est son crédo et, ma foi, pourquoi pas. Sans en dévoiler plus (le lecteur aura le plaisir de le découvrir) les arguments semblent d’une logique implacable. Voilà un récit qui fonctionne bien. L’auteur a su éviter le piège de la religion, donc pas de “Jesus le Retour” à l’Horizon, mais par contre il offre au monde futur un nouveau messie parfaitement athé, un Che en quelque sorte qui aurait oublié ses armes à la maison. Le final est d’ailleurs à relire plusieurs fois afin d’apprécier pleinement toute la saveur de ce mode d’emploi pour construire un monde enfin humain à l’usage des utopistes et des poètes (ce sont souvent les mêmes). Ce livre enfonce parfois des portes ouvertes, mais il a le mérite de poser une vraie réflexion sur la responsabilité des hommes face à l’abandon de leur destiné à quelques puissants qui sacrifient l’ensemble de l’humanité à leur bénéfice. Un véritable plaidoyer humaniste, un brin moralisateur, mais aussi et c’est vraiment agréable, un souffle d’optimisme bienvenu en ces temps draconiens.

 

Jean-Claude Di Ruocco

175 pages – Transbordeurs – 15 euros

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *