ART SUD – Numéro 61
2eme Trimestre 2008
Au XVe siècle, des Albanais avaient fui leur pays, afin d’échapper aux Turcs, pour venir s’installer en Calabre. Il paraît même que le petit fils de leur Guide, le pope Dhimitri, aurait caché l’or de la communauté, quelque part dans le village. Cela a-t-il un rapport avec les menaces de mort qu’a reçu son descendant, Antonio, dans les années cinquante, avant qu’il ne quitte la région ? Quoi qu’il en soit, lorsque Laura la fille d’Antonio revient au village avec un petit garçon, seul Gojàri, mosaïste Albanais, qui raconte l’histoire de son peuple, semble connaître la vérité. Michele, un jeune garçon du village, animé par la curiosité mais surtout par son amour pour Laura, va essayer de déchiffrer cette énigme du passé. Le livre de Carmin Abate se déclinent en trois époques, celles des Albanais qui fondent le village au XVe siècle, celle d’Antonio et celle de sa fille. Le roman est bâti, à l’image de l’œuvre de Gojàri, comme une mosaïque, sur laquelle les personnages composent une véritable saga, l’histoire d’un peuple, l’histoire de l’exode originel et celle, contemporaine de l’immigration clandestine entre les rives de l’Adriatique. Les sauts incessants d’une époque à l’autre, malgré les différents registres narratifs qui crées une diversité de couleurs et d’émotions, fragmentent le récit en d’incessants allers retours. Même si les deux récits, (ceux d’Antonio et de sa fille) se fondent en une seule et nous délivrent une histoire de passions exacerbée et de vengeance, c’est bien l’histoire d’amour entre Michele et Laura, traversée de passages d’une grâce indéniable, qui permet au lecteur, parfois, de se libérer de la concentration nécessaire à la bonne compréhension du roman.
Jean-Claude Di Ruocco
Traduit de l’Italien par Nathalie Bauer
295 pages – Seuil – 21,50 euros