ART SUD – Numéro 61
2eme Trimestre 2008
Reva Mann est la fille d’un Rabbin londonien. Elle a passé son enfance avec, posé sur ses épaules, le poids des traditions Juive, anachroniques pour certaines, qui vont la pousser peu à peu à se révolter contre l’enfermement à laquelle sa religion la destine. Elle va très tôt mener une double vie, le paraître à la maison et la rébellion à l’extérieur. Elle a sniffé de la coke, fumé quelques joints, s’est envoyé en l’air et comble de l’horreur s’est mise en ménage avec un non-juif (ce qui lui vaudra la disgrâce de son père). Après avoir été largué, une soif insatiable de rédemption la pousse dans une Yeshiva à Jérusalem où elle apprend les règles juives orthodoxes. En fait d’épanouissement spirituel, c’est au contraire à une véritable torture morale que l’entraîne ses études et l’observance de règles ahurissante pour un non-initié, où sa personnalité de femmes est littéralement mise sous l’éteignoir. Lorsqu’elle épouse un jeune étudiant en théologie, cela deviens proprement ahurissant. Déchirée par son désir d’être soumise et digne de son mari, qui ne voit en elle qu’un instrument de plus dans la panoplie indispensable à son élévation spirituelle, et les désirs de tendresses et d’étreintes enflammée, sa personnalité est tout simplement laminée. Voici un témoignage qui porte en lui un véritable plaidoyer contre l’extrémisme religieux, d’où qu’il vienne, car s’il y a un point commun entre toutes les religions c’est bien les aberrations auxquelles elles peuvent conduire, lorsque ceux qui les pratiques en détournent le message originel au nom de je ne sais quel recherche perfection qui ressemble le plus souvent à du fanatisme. Ce qui est terrible dans ce livre, c’est que la narratrice n’inspire aucune compassion, tant son manque de réflexion est flagrant et superficiel sa capacité de révolte. Justesse, intelligence et humour nous dit la quatrième de couverture, c’est vrai pour les deux premiers, mais pour ce qui est de l’humour, pardon, il n’y a vraiment pas de quoi rire.
Jean-Claude Di Ruocco
Traduit de l’anglais par Valérie Rosier
295 pages – JC Lattès – 20 euros