ART SUD – Numéro 61
2eme Trimestre 2008
Gérard Hubert-Richou nous convie à l’Enseigne du Grand-Coq, au XVII° siècle, afin de nous raconter l’histoire d’un personnage hors du commun, maître des lieux, Théophaste Renaudot. Bien que très laid et Huguenot (à l’époque cela ne pouvait avoir que des origines démoniaques), il deviendra un acteur incontournable de son époque, puisque non content d’être Médecin du Roi, il fera bénéficier de ses soins la population pauvre de Paris, introduisant déjà un élément social dans l ‘ordonnance hiérarchisée d’une société sans pitié pour les plus démunies (il deviendra commissaire aux pauvres du Royaume). Il créa surtout, le premier hebdomadaire français, « La Gazette » avec la bénédiction de Richelieu. Ces multiples activités lui valurent de nombreuses attaques de la part des libraires, des imprimeurs, des apothicaires et des médecins de la Faculté de Paris qui voyaient d’un mauvais œil ce praticien de Province (Né à Loudun, études à Montpellier) remettre en causes leurs méthodes archaïques. Gérard Hubert-Richou a su s’approprier ce destin exceptionnel et, tout en respectant fidèlement les réalités historiques, nous le restituer dans ce roman vivant et plein de couleurs. Une fois de plus l’histoire prouve aux écrivains, scénaristes et autres « imagineurs » de destins que tous ce qu’ils pourraient inventer ne sera jamais aussi passionnant que la réalité. Complots (la fronde, l’affaire des possédées de Loudun), générosité et familles (notre héros a tout de même neufs enfants), rencontre avec le peuple et les Princes, rebondissements en cascades et mystère, l’auteur a mis les petits plats dans les grands pour nourrir notre curiosité et notre imaginaire… Nous n’en attendions pas moins venant de sa part.
Jean-Claude Di Ruocco
335 pages – Pygmalion – 21 euros