ART SUD – Numéro 62
3eme Trimestre 2008
CHRONIQUE NON PARUE – FIN DE LA REVUE
Virginie Langlois avait placé le curseur assez haut dès son premier roman, “Les Sabliers du temps”, récit métaphorique, bien qu’ancré dans une réalité tragique, mais qui lui permettait de nous délivrer toute la délicatesse d’une écriture empreinte d’une poésie jubilatoire.
Dans « La Grande éclaire”, elle change totalement de registre, avec un “thriller scientifique” (dixit la quatrième de couverture) qui, il faut bien le reconnaître, n’en demeure pas moins intéressant et, c’est le plus important, agréable à lire.
Ça commence par un coup de foudre entre un peintre et une jeune aveugle qui maîtrise son environnement avec une assurance extraordinaire, ce qui lui permet, par exemple, de gagner à la roulette et d’expliquer aux autres que les aveugles ne sont pas ceux que l’on croit. Entre ces deux-là, tout se passe au travers du toucher, du ressenti… La recherche d’une symbiose parfaite naît d’une rencontre fortuite… Quoi que rien n’est fortuit parait-il. Il y a aussi l’histoire de ce jeune étudiant, aux Etats-Unis, qui décide de se rendre en France pour retrouver son professeur mystérieusement disparu. Peu à peu la trame d’une histoire d’espionnage va se développer.
Le livre est vraiment efficace, les événements s’enchaînent crescendo. L’auteur expose sa réflexion philosophique sur le fonctionnement des mécaniques quantiques tout en restant accessible au commun des mortels. Bien sûr, il y a une super histoire, totalement dans l’air du temps (mystère, amour, philosophie moralisatrice, explications scientifiques qui ”foutent les jetons”) mais il n’y a plus rien à lire entre les lignes, puisque la poésie qui nimbait le premier livre de Virginie Langlois, est ici sacrifiée par le registre “policier” de l’ouvrage. Les non-dits s’évaporent derrière le voile pesant de la science et l’écriture devient l’instrument par lequel le lecteur va, peut-être, se sentir plus intelligent. “Ce livre donne à comprendre, les mystères que la science saura un jour expliquer” (toujours d’après la 4ème de couverture) donc autant arrêter là, puisque… la vérité est ailleurs.
Jean-Claude Di Ruocco
250 pages – Actes Sud – 21 euros