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UN MIRACLE EN ÉQUILIBRE – Lucia Etxebarria

ART SUD – Numéro 54
3ème Trimestre 2006

Au travers d’un récit où l’autobiographie se taille la part du lion, Lucia Etxebarria nous invite à faire un bout de chemin avec Eva qui vient d’accoucher et dont la vie, comme c’est souvent le cas à la suite de pareil évènement, se transforme en un véritable combat. Cette jeune femme, écrivain qui, après maintes galères, connaît la notoriété avec un livre de commande, ce qui la gène un peu au entournure, décide d’écrire une lettre à sa fille… Un long, très long monologue où elle lui dit en premier lieu son bonheur de l’avoir conçu et porté dans ce monde cruel ! Elle lui parle des diverses tribulations qui, d’Espagne au Etats-unis l’ont conduites à devenir sa mère. Une sorte de mode d’emploi (surtout évite mes erreurs) entre passé et présent où se croisent des souvenirs de jeunesses, l’histoire de sa famille, ce qui permet d’évoquer, au passage, quelques pages de l’histoire de l’Espagne (Franquisme notamment), ses aventures amoureuses, la difficulté d’être une femme avec de très très gros seins, l’agonie de sa mère dans une unité de soins intensifs, ses déboires avec la presse people, ses cuites et ses « fumettes », etc…  le tout teinté d’une légère couche d’un féminisme obsolète et, tout de même, d’une auto dérision savoureuse et bienvenue.
Si ce livre, parsemé de redites volontaires certe, mais un peu prise de tête, de personnages caricaturaux (comme dans la vraie vie), tourne en rond sur les états d’âme somme toute ordinaire de cette mère de famille, enfonce des portes ouvertes (surtout sur les rapports hommes femmes), il est cependant écrit avec un talent certain sur un ton très drôle et piquant et surtout il ne sombre jamais dans un pseudo-érotisme à la noix, ni dans le vulgaire.
“Une nouvelle forme de féminité placée sous le signe de la liberté, de l’action et de la tendresse” nous précise la quatrième de couverture. Pourquoi pas… un féminisme tout doux qui ronronne et ressemble à un voyage organisé.

Jean-Claude Di Ruocco

Traduit de l’Espagnol par Nicolas Véron
415 pages – Editions Héloise d’Ormesson – 23 euros –  JCDR

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