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LE POETE SECRET – Mario Rigoni Stern

ART SUD – Numéro 52
1er Trimestre 2006

 

Mario Rigoni Stern est un des plus grands écrivains italiens contemporains, mais c’est avant tout un survivant, un survivant de la folie guerrière qui embrassa le début du vingtième siècle. Il a connu la retraite de Russie des chasseurs alpins italiens en janvier 1943, participé aux campagnes de France et d’Albanie de Mussolini. Il a Subi le terrible enfermement dans le camps I/B à Hoheinstein en Pologne où il survécut dans les conditions épouvantables au froid, à la faim, à la maladie, aux travaux forcés. L’essentielle de son œuvre relate ses expériences terribles et comme il l’écrit ici, où il fait siens les mots de son ami Primo Levi  :  “Vous qui vivez en toute quiétude. Bien au chaud dans vos maisons. Vous qui trouvez le soir en rentrant, la table mise et des visages amis… n’oubliez pas que cela fut…”. Ce recueil de récit publié en Italie en 2004 et que les Editions La Fosse aux Ours permettent aujourd’hui aux lecteurs français de découvrir, est une parfaite introduction à l’œuvre de cet écrivain à l’inspiration vaste et variée, nourrie par une mémoire exceptionnelle qui s’exprime au travers d’une grande sensibilité. Le Poète Secret déroule sous nos yeux le rapport lucide, pudique mais riche d’affectivité que Mario Rigoni Stern entretient avec son expérience militaire. Qu’il nous parle des hommes, de lui-même, de sa montagne Natale ou des animaux qui la peuples, ses évocations sont toujours d’une précision et d’un réalisme saisissant.
Ce livre est rempli de pépites merveilleuses, comme cette lettre que Mario Rigoni Stern écrivit à Primo Levi après le suicide de ce dernier, ou encore cet au revoir à Nuto Rivelli, écrivain, héros de la résistance, qui prit part à la campagne de Russie dans la même division que lui. Et puis il y a ces pauses qui affleurent au miroir mouvant du temps, voyages nostalgiques au fond d’un grenier, sur un chemin d’automne ou devant un objet du passé, comme autant de joyaux gorgés d’émotions et de beauté.

Jean-Claude Di Ruocco

Traduit de l’itralien par Marie-Hélène Angelini
155 pages – La Fosse Aux Ours – 16,50 euros

 

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