ART SUD – Numéro 52
1er Trimestre 2006
Marseille est une ville qui, entre le 18éme et le XXe siècle a connu un développement urbain phénoménal, bien que maîtrisé, et une démographie galopante, puisque, par exemple, le chiffre de 90.000 habitants au lendemain de l’empire, dépassa les 190.000 en 1848. Modernisation donc, notamment des voies d’accès et de circulation intra-muros, prospérité également, puisque de nombreuses industries s’installèrent dans la citée phocéenne attirée, entre autres, par des installations portuaires sans cesse améliorées, ce qui favorise le développement du commerce avec l’Afrique du Nord. Marseille devenue prospère, en ce premier tiers du XIXe siècle, avait tout pour occuper un rang digne de la deuxième ville de France ou presque… Car malgré ses larges boulevards, elle ne possède pas d’avenue monumentale comparable aux Champs-Élysées de Paris, à Hyde Park à Londres, au Prater de Vienne, Aux Cassines de Florence… C’est le journal le Sémaphore qui lèvera le lièvre et dès lors le sujet va passionner les Marseillais. Il faut que la ville est une voie prestigieuse, ce sera Le Prado, les Champs-Élysées de la Méditerranée. De tous les hommes à l’origine du projet, un seul tiendra bon après un premier échec qui découragea ses partenaires, Anthelme Bernex, qui consacra quinze ans de sa vie à cette avenue singulière. Voilà l’histoire que nous raconte Constant Vautravers, un des doyens du journalisme français, et plus encore, car c’est bien l’histoire urbaine, mais aussi humaine de cette ville à nulle autre pareille dont nous régale un auteur qui a publié plus de vingt ouvrages consacrés à l’histoire de la Provence.
Un livre d’histoire, l’histoire d’une cité exubérante et versatile, généreuse et cruelle, belle jusque dans ses stigmates, à l’image des hommes passionnés qui lui ont donné une âme éternelle, qui brûle à jamais en chacun de ses enfants.
Jean-Claude Di Ruocco
190 pages – Actes-Sud – 25 euros