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CENT FEMMES – Gérard Nolan

ART SUD – Numéro 52
1er Trimestre 2006

 Les femmes… vaste sujet dont on a pas fini de faire le tour, et dont on se demande parfois, en voyant le nombre de livres qui lui ont été consacrés, s’il ne valait mieux pas arrêter d’en parler pour en préserver tout le mystère. Gérard Nolane, lui, a décidé que non, d’autant plus que sa démarche est plus intimiste que nombre d’ouvrages qui prennent vite l’allure de thèses ennuyeuses. Une raison à cela, de quoi parle-t-il ici ? Des femmes de sa vie, où plutôt de celles qui ont laissé une empreinte plus ou moins profonde dans ce qu’il appelle sa galerie de spectres. Des femmes non pas dans toute leur splendeur, ce serait un raccourci un peu trop facile, mais plutôt dans toute leur complexité. Qu’elles soit belles ou laides, grosses où élancées, mères de famille où veuves, sages ou Méssalines, passantes inconnues ou amies, chacune est un îlot à découvrir sur la mer uniforme d’un quotidien de contraintes. Il a partagé avec elles, sinon leur intimidé du moins des instants privilégiés où les masques tombent et les fêlures apparaissent. Chacune d’elles est décrite avec talent, car au-delà de l’apparence physique l’auteur s’est attaché à leur laisser un large champ d’expression où beaucoup de femmes se retrouveront. Bien sûr, il intellectualise parfois un peu trop ses analyses avec des citations de philosophes ou d’écrivains, mais surtout il ne faut pas oublier que le lecteur découvre ces femmes au travers de l’analyse d’un homme qui les aime trop pour pouvoir garder une objectivité totale. Il leur invente des destins, soigne leurs blessures, désire leurs corps, parfois leur amour, dans un jeux de cache-cache émotionnel comme pour mieux conforter l’impression première qu’il a d’elles afin de se construire des souvenirs qui viendront alimenter son imaginaire. “Cent femmes” annonce la couverture, évidemment le subtil jeux de mot ne peut échapper à personne et rien n’est plus juste, car au travers de la quête qui l’anime, Gérald Nolane apparaît désespérèrent seul, sans femme en fait, sans celle, Liza, qui compte vraiment et dont paradoxalement il ne nous dévoile que par petite bribes touchantes, la présence obsédante qui affleure sur la trame de ce récit autobiographique.

Jean-Claude Di Ruocco

278 pages – Transbordeurs – 18 euros

 

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