ART SUD – Numéro 51
4ème Trimestre 2005
En 1905, la guerre économique fait rage entre les grandes puissances européennes qui tirent de leurs colonies respectives d’immenses ressources. L’Angleterre et le Portugal s’affrontent notamment sur le marché du cacao et du café. Afin de porter un coup d’arrêt aux ventes de leurs rivaux, les Britanniques prétendent que les Angolais qui travaillent dans les plantations de Sao Tomé et Principes, bien qu’ayant des contrats de travail, sont en fait des esclaves traités sans aucune humanité et ce malgré l’abolition de l’esclavage. Ils menacent les Portugais de rompre leurs accords commerciaux. Le Roi Don Carlo nome un nouveau Gouverneur à Sao Tomé et Principes avec pour mission de convaincre les propriétaires de changer leurs habitudes et d’améliorer le sort des Africains travaillant pour eux. Il choisit Luis Bernardo Valença, un brillant intellectuel licencié en droit. Il a un mois afin de préparer l’arrivée du consul d’Angleterre qui doit constater si oui où non les ouvriers angolais sont traités dans le respect de leurs droits. Au carrefour de deux mondes, celui rétrograde des empires coloniaux dont les bases commencent à vaciller et celui d’une modernité naissante où balbutient des valeurs d’humanisme et de justice, notre héros plongé dans un univers étranger, bien loin de sa vie mondaine de Lisbonne, devra apprendre à composer entre les multiples conflits d’intérêts qui opposent les colons à la métropole et son désir de venir en aides aux noirs dont aucun des droits n’est respecté.
Ce roman est captivant, solidement encré dans une réalité historique dont l’auteur nous délivre la substance avec une précision et une abondance d’informations véritablement incroyable. Miguel Souza Tavares nous délivre une fresque magistrale qui entraine le lecteur dans un monde exotique et tragique, au cœur également d’une belle histoire d’amour avec un talent jamais démenti. C’est son premier roman… vivement le prochain !
Jean-Claude Di Ruocco
Traduit du Portugais par Geneviève Leibrich
440 pages – Seuil – 22 euros