ART SUD – Numéro 51
4ème Trimestre 2005
Ce livre est composé d’une multitude de petits textes, pour la plupart acides et cruels, affleurant à la surface rugueuse de souvenirs tragiques ou amusants, voire comiques. Ces brûlots incisifs qui savent aussi s’habiller de tendresse et de poésie se succèdent en une sarabande anachronique. En effet, bien que datés, les textes ne respectent aucune chronologie à l’image des évocations qui se bousculent dans l’esprit d’Anne, la narratrice, dont Paule Constant nous dit dans la préface de l’ouvrage, qu’elle est “paisiblement installée dans sa maturité comme dans un déjeuner au soleil”. L’auteur tout au long de sa vie a accumulé ces minuscules histoires jusqu’à en former un essaim d’émotions qu’elle livre aujourd’hui au grand vent de la liberté littéraire.
Ces petites guêpes, hier enfermées sur des bouts de papier, s’en donnent à cœur joie, virevoltant en une sarabande effrénée entre douceur (douleur ?) romantique d’une époque révolue et modernité. Elles piquent toujours avec justesse la curiosité du lecteur qui tourne les pages inlassablement, comme avide de nouvelles couleurs.
La mort rôde souvent entre les pages de ce livre, mais cela ne saurait faire oublier qu’il est avant tout, comme nous le confie l’auteur : “une voie qui passe, une minute de tendresse, un pleur qui donne envie de pleurer, une vie, cette chose atroce et merveilleuse“.
Jean-Claude Di Ruocco
195 pages – Transbordeurs – 16 euros