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L’ÂGE D’OR DE SANCHO – Robin Chapman

ART SUD – Numéro 51
3ème Trimestre 2005

L’auteur vénère Cervantès, ce qui est compréhensible vu l’immense place qu’occupe l’œuvre de ce dernier dans la littérature. Après avoir mis en scène l’écrivain espagnol dans son livre “Le journal de la Duchesse“, Robin Chapman nous propose cette fois, rien de moins qu’une suite à “Don Quichotte”. Au travers de “L’âge d’Or de Sancho”,  il a voulu réaliser le vœu du chevalier à la triste figure et de son écuyer qui évoquaient la possibilité de remplacer leur quête par un autre idéal : un retour à une existence pastorale afin de revivre l’âge d’or. Habilement Robin Chapman s’est engouffré dans “l’ouverture” que lui offrait Cervantès dans les chapitre 67 et 73 de son roman. Bien sûr, l’auteur anglais n’a pas ressuscité Don Quichotte, il a juste poursuivi le parcours de Sancho qui de fil en aiguille a fini par mettre en pratique l’idée qu’il avait eue avec le chevalier lors de leur retour chez eux. L’écuyer (rebaptisés Sanchino) et son ami Nicolas (Niculoso) le barbier qui l’accompagne, ne sont ici que des faire-valoirs car les véritables héros du livre sont le cheval Rossinante et l’âne Rucio, qui racontent aux lecteurs cette quête un peu loufoque et profitent de l’occasion pour régler quelques comptes avec leurs maîtres respectifs. Inversion des rôles donc, qui permet aux deux quadrupèdes de parsemer le récit de Robin Chapman d’évocations qui rattachent son livre à l’œuvre de Cervantès.
On peut adhérer où pas à pareille démarche, car il faut un sacré talent pour s’aventurer sinon dans les traces du moins au côté d’un tel géant de la littérature. Du talent, le scénariste et dramaturge anglais n’en manque pas, il n’y a qu’à lire son livre, mais justement… Pourquoi utiliser ces personnages éternels et les lancer dans des aventures sommes toutes banales, que leur créateur n’a jamais voulu pour eux ? Ceci n’est qu’une question et non une attaque car “L’âge d’or de Sancho” n’en mérite pas, pas plus qu’il ne mérite de louanges particulières d’ailleurs.

Jean-Claude Di Ruocco

Traduit de l’Anglais par Christine Le Bœuf
310 pages – Actes Sud – 23 euros

 

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