ART SUD – Numéro 50
3ème Trimestre 2005
Sonia Moumen, au travers de petits textes, qui se succèdent comme autant d’instantanés d’un quotidien magnifié par le pouvoir des mots, nous raconte les trois hommes de sa vie. Son père, personnage truculent, est présenté avec tendresse et poésie au travers d’une évocation pleine d’humour. Pour son amant par contre, nous avons droit, entre autres, à l’inventaire complet de leurs habitudes ménagères, leurs mutuelles admirations béates et surtout à leurs pratiques sexuelles, avec descriptions plus ou moins ragoûtantes de leur intimité dans les termes les plus crus. Une exhibition bien dans l’air du temps mais qui surprend toujours un peu. Lorsqu’elle nous parle de son fils, le récit retrouve soudain son pouvoir d’attraction, avec l’amour qu’elle éprouve pour son bébé et ses interrogations devant la nouvelle direction que prend soudain son existence. Malheureusement, la description en termes “Hot” de la métamorphose post-natale de son corps nous ramène bien vite à des réflexions plus pratiques, comme le fait que son amant ait une « couille » plus grosse que l’autre où que, je cite : ”Avec mon ventre mou, mes seins gonflés, l’odeur acide de mon sexe… Je ressemble à une pute mexicaine.” Bien sûr lorsqu’elle écrit au sujet de son enfant : ”Peut-être même qu’il aura des yeux de petit bicot.” La boucle est bouclée.
Pourquoi avoir choisit ce titre pour un livre où, au-delà de l’évocation nostalgique d’une enfance heureuse, c’est la divulgation sans retenu de sa vie privée et de celle de ses proches, que Sonia Moumen jette en pâture aux lecteurs ?
“Le journal d’une femme d’aujourd’hui, amoureuse de la vie et sans tabou” nous dit l’éditeur… Voilà sans doute un début de réponse…
Jean-Claude Di Ruocco
176 pages – Gallimard – 13,50 euros