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UN JARDIN SUR L’ORONTE – Maurice Barres

ART SUD – Numéro 50
3ème Trimestre 2005

 Après nous avoir permis de revisiter Jean Moréas, avec “Le voyage en Grèce”, les éditions Transbordeurs nous proposent aujourd’hui de nous entraîner sur les traces de Maurice Barrès, contemporain et ami de l’auteur des “Stances”.
Paru en 1922 “Un Jardin sur l’Oronte”, ouvrage “culte“ s’il en est, deviendra le livre préféré de plusieurs générations d’écrivains. Cette redécouverte nous permet, au-delà de la stature politique du plus jeune député de France (27 ans), de mesurer toute l’étendue du talent de l’homme de lettre, véritable maître à penser de toute une génération qui lui valu le surnom de “prince de la jeunesse”. Lorsque l’Académicien (il succède à José-Maria de Herredia en 1906) délaisse sa quête patriotique pour ne pas dire nationaliste, et qu’il prend le chemin du Sud, c’est pour nous délivrer un véritable chef-d’œuvre sur lequel glisse déjà un souffle euro méditerranéen prémonitoire à l’usage des générations à venir. Le récit, empreint d’une très grande poésie est avant tout une invitation au rêve. L’histoire d’une passion dévorante, de deux cultures que tout oppose mais, comme une leçon se rejoint au travers d’un amour passionné. Le parallèle avec “Tristan et Iseult” est évident, mais ici, contrairement au roman médiéval, les codes d’honneur volent en éclats devant la force destructrice de sentiments trop violents. Le véritable tour de force de Maurice Barres est de ne jamais sacrifier la cruelle réalité des contradictions humaines à l’esprit magique et envoûtant de ce récit. Une fois que l’assouvissement des sens laisse la place à des aspirations plus terre à terre, l’auteur nous guide au travers des contradictions qui pousseront Oriane la belle sarrasine et Guillaume le jeune chevalier chrétien à se déchirer jusqu’à la haine avant l’ultime rédemption des deux amants, que l’Académicien nous livre, comme une apothéose, en un final  émouvant.
Au travers de ce livre, on retrouve la véritable essence de la littérature française, une écriture empreinte d’une élégance savoureuse où chaque mot est chargé d’émotion.
Un pur moment de bonheur.

Jean-Claude Di Ruocco

125 pages – Transbordeurs – 15 euros

 

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