ART SUD – Numéro 49
2ème Trimestre 2005
Cet ouvrage sur un Liban trahi par ses alliés et livré à la double occupation israélienne et syrienne est paru en 1996 sous le titre “Liban Libre les larmes de cire”. Il a rencontré un beau succès en France et au Liban, même si la sécurité militaire syrienne arrêtera le diffuseur à Beyrouth et interdira l’importation et la vente du livre faisant de l’auteur une personne interdite au pays du cèdre. Cette réédition, dans une nouvelle version augmentée d’un entretien avec le Général Michel Aoun, tombe à point nommé surtout lorsque l’on sait que l’actualité, après l’assassinat de Rafic Hariri, remet le Liban au premier plan des préoccupations internationales. Elle permet à Michel Aoun de faire enfin entendre sa voie, tant il s’annonce comme l’alternative raisonnable à la reconstruction politique du pays afin de relancer un processus démocratique lorsque les Syriens seront partis. A noter que l’administration de Georges Bush fait le “forcing” pour le retrait du pouvoir syrien, celui-là même à qui le père du président américain avait livré le Liban… “Avant d’avoir méprisé Massoud l’Afgan, le clan Bush a méprisé Aoun le Libanais” nous dit l’auteur, il aurait pu ajouter qu’heureusement l’histoire se charge toujours de rappeler leurs erreurs à ceux qui méprise… La liberté. Ecrivain, journaliste, spécialiste du monde arabo-musulman, Salvatore Lombardo fait ici la démonstration éclatante que le Liban doit retrouver sa place véritable. La place d’un pays où la tolérance, érigé en mode de vie, servira bien plus la cause de la paix que toutes les compromissions dont son victimes les peuples sacrifiés sur l’autel sur l’autel de l’extrémisme qui, au quatre coins de la planète, déshonore des dirigeants repus de suffisance. Il est évident que face à la nouvelle donne politique qui va forcément faire du Liban le point de mire de nombreux observateurs, nombre d’ouvrages vont fleurir, opportunistes ou pas, ici au moins l’honnêteté de l’auteur ne peut être remise en cause (livre réédité un mois avant la mort de Rafic Hariri).
Il est temps d’écouter ceux qui depuis le début sont du côté d’un Liban libre et démocratique, le Liban de Magida El Roumi, Ghassam El Rhadani, Emile Al-Akra, Roger Eddé, Michel Aoun… Et tant d’autres épris de liberté pour un peuple trop longtemps sacrifié au nom des intérêts internationaux.
Jean-Claude Di Ruocco
165 pages – Transbordeurs – 16 euros