ART SUD – Numéro 49
2ème Trimestre 2005
Depuis qu’il est rentré à Palma de Majorque après avoir survécu à la défaite d’Anoual (1921), le capitaine Augustiin Claver n’aspire plus qu’à étoffer ses connaissances. Physique, philosophie, études de langues et de religions, procédés de fabrication divers… Tout l’intéresse. La disparité de ses pôles d’intérêt lui permet d’oublier quelque peu son écœurement face aux massacres perpétrés par l’armée espagnole dans le riff marocain. Il partage son temps entre ses livres, son service à la caserne et à la librairie de Battle qui lui fournit objets scientifiques et ouvrages rare. Son ami Santiago Despuig, restyé au Maroc, lui envoie de longues lettres qui le tienne informé de l’enlisement de l’armée de Rivero de Primera. Bercé par la douceur d’un quotidien bien réglé, influencé par le libraire, Augustin se laisse peu à peu gagner par les idées anarchistes que conforteront ses lectures de Kropotkine et Bakounine. Il est contacté par une cellule terroriste, Kaleidoscopio, à laquelle il adhère sans hésiter. Aveuglé par son idéalisme, sa soif de justice, poussé par le belle Catalina Dupont, Augustin s’apercevra que la cause qu’il pensait défendre n’est en réalité qu’un leurre et que l’on a guidé chacun de ses actes comme on déplace un pion sur un échiquier.
Une histoire bien menée, même si la toile de fond historique (guerre au Maroc) et que le contexte politique de l’époque ne sont jamais vraiment approfondis, au contraire des états d’âme d’un héros suffisamment courageux pour aller au bout de son combat, mais incroyablement naïf pour ne pas percevoir que derrière des idéaux utopiques se cachent toujours la lâcheté et la folie des hommes
Jean-Claude Di Ruocco
Traduit de l’Espagnol par Isabelle Gugnon
284 pages – Seuil – 19 euros