ART SUD – Numéro 49
2ème Trimestre 2005
Dans “Bowling à Bagdad” en hommage à Michael Moore, l’auteur fait un rêve, qu’il décline en sept parties (comme les sept jours nécessaires à la création du monde). Il a pris le parti de l’enfance, celle d’Irak, de Palestine, d’Afghanistan mais aussi des Etats unis, comme un beau message de tolérance et d’amour, avant que la barbarie des hommes ne devienne irréversible. Émouvant plaidoyer en faveur non seulement de la paix mais d’un pays, l’Irak, dont l’origine remonte aux Assyriens.
Son récit, d’une très grande poésie est d’une profondeur historique captivante. Il nous plonge au cœur d’une actualité dramatique et lève le voile ensanglanté, que la plupart des médias dépose avec complaisance, sur un peuple que l’on nous présente comme fanatique, mais dont les hommes et les femmes qui le composent sont en fait, pour la plupart, les dépositaires d’une tradition ancestrale de tolérance, et d’érudition, n’aspirant qu’à la paix.
Pauvres enfants d’Irak qui, après une dictature sans nom, un embargo inique, sont aujourd’hui laminés par une guerre barbare et injuste. Eux qui, par la plume de l’auteur, prédisaient après les attentats du 11 septembre : “nous vous disons à vous enfants des Etats-Unis : nous ne sommes pas Oussama Ben Laden, ni les bourreaux des deux tours, ni le Mal du siècle, ni l’obscurantisme du Mollah Omar, ni la barbarie des talibans. Nous souffrons d’une dictature qui était la protégée des Etats-Unis, cet État en proie à la folie du crime conscient et prémédité. Nous qui avons compati à la tragédie subie par New York serons les victimes de l’hécatombe que vont perpétrer les Etats-Unis en Irak”.
Tout est là. Nasri Sayegh à fait un rêve, comme avant lui, Mahatma Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, Ernesto Che Guevara, Ahmed Shah Massoud… Il est bien placé pour se faire le porte parole de ces enfants sacrifiés au nom du pétrole tout puissant, Nasri Sayegh est Libanais, un pays qui, lui aussi, a payé un lourd tribut à la folie des puissants de ce monde… Un livre indispensable…
Jean-Claude Di Ruocco
Traduit de l’Arabe par Diah Saba Jazzar
180 pages – Fayard – 16 euros