ART SUD – Numéro 49
2ème Trimestre 2005
Leçon d’humilité venant d’un artiste immense, voilà le raccourci qui immédiatement vient à l’esprit à la lecture de ce livre. Jacobo Borges et Salvatore Lombardo se sont rencontrés en 1988 à Venise lors d’une Biennale mémorable. Dès lors, sans jamais rompre le fil d’une amitié sincère, les deux hommes n’auront de cesse que de poursuivre leurs parcours artistiques et militants, s’octroyant des pauses, au travers de rencontres dont le journaliste nous livre ici la quintessence. Éternel révolutionnaire, témoin mais avant tout acteur de son temps, Jacobo Borges délivre un message en forme de mise en garde bienveillante : “Nous vivons dans un monde surréaliste où chacun croit avoir le temps et remet ainsi à «domanial» les actes essentiels qui seuls transformeront sa vie en existence”. Salvatore Lombardo nous raconte l’artiste et ses motivations, l’aura “messianique” d’un homme devenu l’idole des foules de Caracas, Don Quichotte romantique et baroque armé de son désir de liberté, loin des compromissions d’artistes “étatisés“, Jacobo Borges met son art au service des plus pauvres, victimes, comme lui durant son enfance, de l’oligarchie pro-américaine. Borges est le chantre de la révolution éternelle, compagnon de Che Guevara puis de Chavez il sait toute la force de cette dernière : “La révolution est un concept porteur de valeurs simples, pas une philosophie guerrière”. Il sait aussi que nous avons en nous la solution et que les artistes doivent être en première ligne : “Art et engagement sont indissociables, l’histoire l’a prouvé”. Entretien à fleur de vie, affleurant la source claire de la poésie, de la rébellion et de l’amour… Émouvant et superbe.
Jean-Claude Di Ruocco
180 pages – Trfansbordeurs – 18 euros