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LA PEAU FROIDE – Albert Sanchez Pinol

ART SUD – Numéro 48
1er Trimestre 2005

Lorsque le narrateur débarque sur cet îlot sans nom du pacifique Sud afin d’y assumer le poste de climatologue, il entend bien profiter de cet exil volontaire pour se reconstruire après des années consacrées à la cause Irlandaise qui avait fini par faire de lui un apatride désenchanté. Dès le premier jour, il fait connaissance de son unique voisin, un colosse au caractère d’ours mal léché, qui vit dans un phare transformé en forteresse. Devant l’hostilité de ce dernier et l’état pitoyable dans lequel se trouve la maison qui lui est attribuée, le doute s’installe bien vite remplacé par la terreur, surtout lorsqu’il se retrouve assaillit par une horde de monstres mi-hommes mi-batraciens, tout droit sortie d’un improbable enfer sous-marin.
Car ici, Albert Sanchez Piñol nous entraîne dans un récit effrayant mais avant tout captivant, qui, s’il se passe sur une île, est plus proche de Lovercraft que de Stevenson ou Defoë. Les protagonistes devront affronter non seulement l’insatiable fureur de leurs ennemis à la peau froide, mais aussi toutes les contradictions et les paradoxes de l’âme humaine qui les pousseront à unir leurs forces malgré le mur d’incompréhension qui les sépare. Au travers de ce combat “civilisation contre barbarie”, l’auteur délivre une critique sans concession de l’aveuglement des hommes qui depuis toujours obéissent aux mêmes craintes et reproduisent les mêmes erreurs.
Un roman merveilleux au suspens jamais pris en défaut qui vacille entre poésie et fantastique, ont en sort comme d’un rêve riche en émotion, car la violence parfois inouïe qu’il porte en lui ne sert, en fait, qu’à mieux révéler toute la beauté qui transpire de chaque pages.

 Jean-Claude Di Ruocco

Traduit du Catalan par Marianne Millon – 262 pages – Actes Sud – 19,80 euros

 

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