ART SUD – Numéro 47
4eme Trimestre 2004
Rosa Montero nous parle de l’écriture, de la sienne en premier lieu, de ses manies, ses doutes, les déclencheurs qui l’ont conduit à coucher sur le papier ces histoires qui avant de devenir des romans n’étaient que de banales scènes grappillées ça et là au cœur de son quotidien. Rosa Montero nous parle d’écrivains, elle y compris, et cela nous intéresse, d’autant plus qu’elle argumente d’une manière magistrale, mêlant allégrement des passages autobiographiques, dont on se demande parfois s’il sont vrais ou faux, à des extraits de biographies d’écrivains prestigieux et d’autres que le temps avait effacés des tablettes.
Elle passe en revue les faiblesses, les névroses, les petites mesquineries qui sont à l’écrivain ce que la montagne est aux champions cyclistes, c’est à dire le révélateur infaillible de leur véritable personnalité. Elle se permet de descendre de leur piédestal nombre de ses illustres “collègues” (Garcia Marquez, Zola, Melville, Truman Capote, sans parler de Goethe qui, passez-moi l’expression “en prend plein la gueule”). Ce livre cependant est une mine d’informations sur une multitude d‘auteurs et éveil en nous une envie irrésistible de relire Conrad, Kipling, Rimbaud, Salgari, Hemingway, Philip K. Dick dont nous apprenons qu’il est devenu ventripotent car sa sœur jumelle était morte de faim (cela ne s’invente pas !).
Rosa Montero nous entraîne à sa suite dans l’univers fascinant et baroque des écrivains sans rien oublier, surtout pas les critiques : “incultes, indignes, malveillants, plein de préjugé, qui même lorsqu’ils ont aimé une œuvre ne comprennent de toute façon rien à cette dernière”. Bref le tour d’Horizon d’un vaste sujet sur lequel l’auteur nous livre une analyse passionnante servie par une écriture jubilatoire pleine d’humour, un véritable plaisir…
Jean-Claude Di Ruocco
Traduit de l’Espagnol par Bertille Hausberg
200 pages – Métailié – 19 euros