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LE CONTRAIRE DE UN – Erri De Lucas

ART SUD – Numéro 48
1er Trimestre 2005

Au travers des nouvelles qui composent le livre de Erri De Lucas, on sent transparaître, dès les premières lignes, toutes la solitude des hommes, mais aussi cette évidence : on ne vit que par l’autre. Bien sûr chacun de nous est seul, même au cœur de la foule, mais il y a toujours un lien qui nous unit à quelqu’un, une mère, un amour, un passant, un ennemi… Et notre vie prend l’allure d’une cordée où chacun dépend de l’autre. Ces nouvelles sont des histoires d’alliances passagères, de rencontres, d’affrontements. Erri de Lucas nous parle de lui, de son engagement politique, de sa participation à l’aide humanitaire en Afrique, de son amour immense de la montagne et de l’alpinisme en particulier, mais il nous parle avant tout de nous. C’est un ouvrier des mots qui ne cherche pas à nous dicter notre conduite mais au contraire prend le temps de nous aimer… Phrases lentes toutes empreintes de poésies, de colères à peine retenues, phrases incisives qui nous renvoient notre image lorsque l’on se penche sur la froideur de leurs cris. Il ne s’agit pas là de littérature non, les arabesques épiques et les envolées romanesques n’ont pas cour dans cette écriture “brut de décoffrage“ qui ressemble à la vie, qui nous rend si humble enfin… Ce livre est sorti au début de l’année, mais nous avions omis d’en parler dans cette rubrique, voilà un oubli réparé, et ce n’est que justice. Il n’est jamais trop tard pour inciter ses amis aux plaisirs de découvrir, au travers de ces nouvelles, que le contraire de un est un double, qui, à notre image, cherche en l’autre son propre reflet.

Jean-Claude Di Ruocco

Traduit de l’Italien par Daniel Valin
137 pages – Gallimard – 14,50 euros

 

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