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LE SOLEIL DES SCORTA – Laurent Gaudé

ART SUD – Numéro 48
1er Trimestre 2005

 

Un jour de 1870, Luciano Mascalzone revient dans son village des Pouilles après 15 ans de prison, afin d’assouvir le désir qui l’a tenaillé durant toutes ces années de réclusion : posséder la très belle Philoména Biscotti. Il se trompe et abuse de la sœur de cette dernière. Elle mourra en donnant naissance à un fils qui portera le nom de son père et des pêcheurs qui l’ont recueilli : Rocco Mascalzone-Scorta. ll sera le premier de la lignée des Scorta dont Laurent Gaudé nous raconte l’histoire avec talent. Ainsi dans le décor hallucinant d’une région parmi les plus pauvres d’Italie, le lecteur accompagne quatre générations de Scorta qui tous subissent la malédiction d’un destin défavorable mais dont ils parviennent malgré tout à surmonter les vicissitudes. Par leur travail, leurs débrouillardises ou méfaits pour certains, ils parviennent à se faire une place au soleil, mais pour eux rien n’est simple. Victimes d’un atavisme néfaste, ils cultivent leurs drames comme d’autre les légumes et bien plus que tous, il y a en eux une résignation au malheur qui, malgré leur orgueil et cette violence que l’on sent affleurer au travers de leurs aspirations de réussite, les rends attachants. C’est une histoire lente, comme le sont les journées écrasées de soleil, qui servent de toile de fond à ce carrousel d’émotions et de descriptions parfois caricaturales. Une “saga”  nimbée de drames et d’éblouissements, dans la rudesse d’un monde révolu où religion et paganisme s’affrontent en un savoureux spectacle, même si les acteurs de cette histoire semblent tous soumis à l’uniformité tragique d’une malédiction qui n’existe que dans leurs têtes.

 

Jean-Claude Di Ruocco

247 pages – Actes sud – 19 euros

 

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