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JOSEPH BOZE

  • par

L’ENFANT DE MARTIGUES
AUTOPROCLAMÉ « PEINTRE DU ROI »

ART SUD N° 48
1er Trimestre 2005 n°48 


Depuis le 18 novembre 2004 et jusqu’au 20 février 2005, le Musée Ziem à Martigues propose au public une exposition inédite consacrée à un enfant du pays, Joseph Boze (1745-1826).


Joseph Boze est un portraitiste de l’ancien régime. Elève supposé de Maurice Quentin de La Tour, son œuvre solidement ancrée dans la veine Néo-classique, s’inscrit essentiellement dans la tradition de la commande officielle qui est à l’origine de la peinture de portrait.
Comme nous l’indique le catalogue de l’exposition : “Il utilise le pastel, technique entre dessin et peinture qui, par la richesse de ses nuances, confère aux portraits fraîcheur, vivacité et éclat. Poudre de couleur, le pastel se travaille au trait et à l’estompe, il sied aux perruques poudrées, aux fines dentelles, aux étoffes précieuses et raffinées…”.
Joseph Boze est né à Martigues en 1745 au sein d’une famille qui vit des métiers de la mer. Son enfance s’écoule, sereine, dans cette ville d’eau et de lumières où l’étang et la mer font l’amour aux creux de canaux paisibles.  A l’âge de 15 ans il part pour Marseille. Il y suivra des cours de peinture et de dessin. Bien vite il se consacre au portrait, très prisé des aristocrates, des grands bourgeois ou des personnalités militaires et religieuses. Ses réalisations s‘avèrent particulièrement lucratives
Après son mariage en 1770, il s‘installe à Alès et se fait connaître notamment comme “peintre en miniature”. Six ans plus tard, il installera sa famille à Nîmes où il fera les portraits des personnalités locales et de ses amis, pour la plupart issus de la bourgeoisie protestante.
Joseph Boze arrive à Paris en 1778. Il y côtoie les maîtres reconnus qu’étaient Maurice Quentin de La Tour (1704-1788), Louis Duplessis (1725-1802), Jean-Baptiste Perroneau (1715-1783)
Rapidement, il va faire ses preuves en tant que peintre.
Son installation à Versailles en 1783 et un moment charnière dans sa carrière.  Alors âgé de 39 ans, il réalise les portraits de la noblesse et de la famille royale, (Marie-Antoinette aurait détesté le sien). Quoi qu’il en soit, après avoir offert une toile à Louis XVI, Boze se nomme lui même “Peintre du Roi” et sa renommée va grandissante.
En octobre 1789, il retourne à Paris où, fort de sa réputation, il étoffe sa clientèle avec les personnalités emblématiques de la révolution que sont le comte de Mirabeau (1749-1791), le Marquis de Lafayette (1757-1834) ou Robespierre (1763-1794).
En 1793, fort de ses appuis, il loge au Louvre, mais soupçonné de collusion avec les Girondins et de tractations secrètes avec le roi, il doit se justifier devant la convention. C’est à cette époque qu’il fait le portrait de Marat (1743-1793) et de Camille Desmoulins (1760-1794).
Chassé du club des Jacobins, mêlé au procès de Marie-Antoinette, il est arrêté et emprisonné à la conciergerie. Libéré onze mois plus tard, Joseph Boze va connaître des problèmes financiers et peindre désormais des portraits de militaires, de rentiers, d’ambassadeurs, avec l’aide de ses filles ou d‘autres artistes pour, peu à peu, tomber dans l’oubli jusqu’à sa mort le 27 février 1826.

Gérard Fabre, le commissaire de l’exposition a réalisé une véritable performance pour mener à bien cet accrochage exceptionnel. En effet, il lui aura fallu pas moins de 4 ans pour localiser les œuvres disséminées dans de nombreux pays (France, Angleterre, Bel-gique, Suède, États-Unis…), convaincre les musées et surtout les collectionneurs, réticents à prêter des œuvres souvent très fragiles (en particulier les pastels). Il est  également l’auteur du catalogue de l’exposition qui en fait s’avère être une véritable monographie qui paraît à l’occasion de cet événement et sur laquelle figurent de nombreuses œuvres qui ne sont pas présentées à Martigues.
Outre une quarantaine de toiles où, et c’est le grand talent de l’artiste, transparaissent la psychologie et les sentiments des modèles, figurent à l’exposition des miniatures sur ivoires. Ces peintures délicates réalisées sur des médaillons, très à la mode au XVIIIème siècle, étaient essentiellement utilisées pour le portrait. 
Afin que cet hommage à Joseph Boze soit le plus complet possible, le visiteur pourra aussi découvrir des fusains qu’Ursule Boze, la fille de l’artiste, a réalisé d’après les œuvres de son père, ainsi que des huiles, fruits de la collaboration du peintre martégal avec Robert Lefèvre, des gravures sur papier de L.A. Claesens, Louis Jacques Cathelin, J. B. Curtis,  Antoine Cardon,  des eaux fortes de ce dernier et d‘Etienne Brisson, toujours d’après les œuvres de Joseph Boze.
Voila une occasion unique de découvrir un artiste local, portraitiste accompli au caractère bien trempé. De la rue du Colombier, dans le quartier de Ferrières, jusqu’au Louvre,  une vie longue et tumultueuse au cœur d‘une époque charnière de notre histoire, une véritable saga artistique à laquelle nous convie le Musée Ziem.
C’est la première exposition consacrée à Joseph Boze et Gérard Fabre a placé la barre très haut. Son initiative permet de remettre en lumière l’œuvre exceptionnelle d’un des plus talentueux et méconnu enfant de la Venise Provençale.
Ah ! au fait, Joseph Boze était aussi un inventeur,  mais ça, c’est une autre histoire…

Jean-Claude Di Ruocco

EXPOSITION JOSEPH BOZE – du 18 novembre 2004 au 20 février 2005
Musée Ziem A MARTIGUES – 14, boulevard du 14 juillet – 13500 Martigues
Tél. : 04 42 41 39 60 – Fax : 04 42 80 33 26 

 

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