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L’ALTANA – Hélène Bresciani

ART SUD – Numéro 56
1er Trimestre 2007

Si Guy de Maupassant n’avait pas utilisé le titre, ce roman aurait pu s’appeler “Une vie”. Cette vie, c’est celle d’Anna, l’héroïne qu’Hélène Bresciani nous invite à accompagner tout au long d’un ouvrage ou présent et passé se mêle avec subtilité. L’auteur, avec talent, parvient toujours a aiguillonné la curiosité du lecteur qui se prend à dévorer l’ouvrage d’une seule traite. Comment se lasser de cette écriture mélancolique et belle, habitée de descriptions émouvantes, de bonheurs minuscules et de chagrins démesurés ? Tourner les pages de cet ouvrage, c’est accepter de se laisser entraîner dans les replis les plus secrets de la pensée d’une femme qui, au crépuscule de sa vie, voit rejaillir, en copeaux éparses, les infimes instants qui composèrent sont quotidien tout au long de son parcours et qui sont, pour tout un chacun, l’essence même de l’existence. Son aversion pour son île natale, ses peurs, ses contradictions… Rien n’échappe à l’analyse élégante, corrosive parfois, de l’auteur. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien, si Anna se réfugie si souvent dans sa maison qui se nomme “L’Altana” (A Venise c’est la terrasse en bois posé, comme un nid, sur le toit d’une maison). Ici, cette ouverture vers le ciel, devient la métaphore poétique  d’un voyage en liberté, vers l’oubli des contraintes, la résurrection d’une enfance insouciante, l’évocation d’un amour assassiné, le tout dans un maëlstrom de sensations, d’images, de musique de parfums… Face à la Méditerranée qui de Marseille à l’Italie porte en elle, à jamais, l’écume bleue des plages corses… Chacun de nous retrouvera un peu de son histoire où de celle de ses parents, au détour d’une phrase, d’une évocation… car comme l’écrit si bien Hélène Bresciani lorsqu’elle parle de la jeunesse d’Anna : “On se connaissait tous, on croyait que rien ne changerait jamais. On oubliait que seul le temps mourrait pour renaître. La vie des hommes était un voyage sans retour…”.

Jean-Claude Di Ruocco

204 pages – Transbordeurs – 18 euros

 

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