ART SUD – Numéro 56
1er Trimestre 2007
Le personnage principal de ce livre, Adrien Sixte, est un intellectuel, un philosophe. Il a développé, au travers d’ouvrages unanimement reconnus, une doctrine novatrice pour ce qui concerne les rapport humains et l’analyse psychologique des personnes au travers de leur caractéristiques physiques, de leurs antécédents ataviques et du poids de la grande l’Histoire sur celle, plus intime, de leur famille. Il vit presque en dehors du monde. Il consacre tout son temps à l’étude et à la réflexion. Un jeune homme, Robert Greslou, lui rend visite. Ce dernier, après avoir lu les ouvrages d’André Sixte, a décidé de conduire son existence selon les préceptes de celui qu’il considère désormais comme sont maître à penser. Le philosophe va découvrir, peu à peu, le parcours de son disciple. Cette révélation ira jusqu’à faire vaciller les convictions les plus intimes du vieil homme. Voici la trame de ce roman passionnant, qui pose la question de la responsabilité des auteurs vis à vis de leurs lecteurs, surtout lorsque cet auteur prétend remettre en questions les bases morales et relationnelles qui régissent les rapports humains depuis des générations. Paul Bourget (1852-1935), par ce livre écrit en 1888, se pose comme le précurseur rebelle d’un message simple et pourtant essentiel : l’interpénétration du social dans le littéraire. Une dissection minutieuse, romantique et métaphysique, des relations de l’individu dans la société moderne, influencée par le réalisme de Balzac et l’analyse de Taine. On peut parler ici d’une œuvre visionnaire, car aujourd’hui plus qu’hier, l’éducation ne peut se concevoir sans prendre en compte histoire, actualité et spiritualité. “Ce texte apparaît comme un miracle de poésie et de philosophie, un appel au large, un rappel au généreux et au sensible, dans un âge encore dévolu au affres de la pensée inique des temps anciens“ nous dit la quatrième de couverture. Nous ne pouvons qu’acquiescer.
Jean-Claude Di Ruocco
204 pages – Transbordeurs – 18 euros